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L’économie française est-elle en phase terminale ? 10 indicateurs officiels qui interpellent…

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Avant tout, restez calmes, ça devrait globalement bien se passer à court terme : la crise économique n’empêchera pas les plantes de pousser, et le Renseignement ne détecte pas de terreau fertile à la guerre civile en France. Nous faisons face néanmoins à un scénario possible de basculement imminent dans un monde post-croissance, qui nous est inconnu.

J’ai pris plaisir et consacré des efforts et, j’espère, de la rigueur pour vous mettre face à des faits accessibles (les passages relevant de mon opinion sont explicites, ou mis au conditionnel), et vous fournir des clés de discussion avec votre entourage. Si vous aimez, n’hésitez pas à partager. Et dans tous les cas, n’hésitez pas à m’écrire pour dialoguer.

Le principe ici consiste à ne reprendre que des données nationales et officielles publiés par nos institutions. Donc excellente nouvelle : nous ne sommes pas dans un système politico-médiatique totalitariste martelant des chiffres truqués prétendant que tout va bien.

Certes… mais nous nous pencherons ici sur des séries longues, tandis que la presse, sans vouloir mal faire, communique souvent sur des variations annuelles peu instructives (-0,2% de chômage par-ci, +1,6% de PIB par-là… ah non finalement un an plus tard il s’avère que c’était +1,55%, voilà qui change tout).

Avant d’entrer dans les détails, voici l’essentiel :

1) Croissance : notre taux de croissance décline continuellement depuis 50 ans ; depuis une décennie, il est quasiment au point mort.

2) PIB par habitant : nous sommes en haut de cycle économique, et le PIB par habitant est quasiment au même niveau qu’en 2008, le précédent haut de cycle. Nous pourrions donc ressortir de la prochaine crise avec un PIB plus bas qu’en 2008, et un ratio dette / PIB au minimum deux fois plus élevé.

3) Dette : l’accélération de la dette publique et privée depuis 2008 n’aurait donc eu aucun effet sur la croissance. Par rapport au cycle économique précédent (1998-2008) nous avons accumulé 2 fois plus de dette publique + privée, pour 3 fois moins de croissance. En outre, avec des dettes déjà très élevées et des taux d’intérêt déjà bas, la marge de manœuvre pour relancer l’économie « réelle » à l’issue de la prochaine crise parait réduite.

4) Dette extérieure : notre dette était jusqu’en 2008 essentiellement détenue par les Français eux-mêmes ; ce n’est plus du tout le cas, notre dette extérieure ayant triplé depuis, pour atteindre 20% du PIB, nous obligeant potentiellement à accélérer la vente de nos capitaux (entreprises, monuments, infrastructures…) à des investisseurs étrangers.

5) Chômage : il augmente en tendance lourde depuis 50 ans. 6,6 millions de chômeurs aujourd’hui (catégories A à E) rapportés à la population active (hors-fonctionnaires, dont l’emploi est garanti) donnent un résultat de 27%, contre ~2% en 1970.

6) Dépenses publiques : l’économie et la cohésion sociale sont de plus en plus lourdement dépendantes de l’Etat, qui depuis 60 ans ne fait qu’augmenter sa dépense (cet article ne se prononce pas sur la qualité du service public rendu en échange, mais se focalise sur la possibilité de faillite définitive de notre système économique)

7) Balance commerciale : elle s’enlise depuis 2006, avec une moyenne de -28 milliards de dollars par an. Notre dépendance industrielle et technologique s’aggrave.

8) Facture énergétique : elle explose depuis les années 90. Nous avons oublié les leçons des années 70 et restons chroniquement dépendants au pétrole. D’après l’Agence Internationale de l’Energie, notre approvisionnement pétrolier (« le sang de notre économie ») risque la contraction d’ici 2025.

9) Dé-consommation : elle s’installe et se confirme depuis 2016 (l’industrie et les exportations étant atones, la consommation apparaissait comme le dernier moteur de notre économie).

10) Inégalités : parmi les rares bonnes nouvelles, celles-ci semblent paraissent stables à première vue (sauf en ce qui concerne les 0,1% et, a fortiori, les 0,01% du haut… sans qu’il y ait non plus à crier au racket). Le sujet parait en revanche beaucoup plus préoccupant en ce qui concerne les fractures territoriales. En outre, le problème ne provient pas tant de l’évolution des revenus que de l’évolution des charges : notamment, les dépenses contraintes (notamment les loyers) augmentent plus vite que les revenus pour les ménages les plus pauvres.

Face à cela, on peut envisager deux issues possibles à la prochaine crise (dont aucun expert n’est en mesure de prévoir l’ampleur) :

  1. soit les Français (et les Homo Sapiens en général, sachant que la « croissance » de l’ensemble de l’économie mondiale se maintient essentiellement ex-nihilo par la dette) renflouent à nouveau les banques pour éviter une crise systémique, et repartent pour un nouveau cycle de croissance par la dette (mécanisme de fuite en avant qui ne semble produire aucune valeur à la sortie… sauf à supposer que le cas japonais de stagnation « tranquille » depuis 30 ans soit reproductible à l’échelle mondiale).

  2. soit nous disons stop et en tirons les conséquences. Celles-ci seront douloureuses pendant quelque temps : la décroissance, ce n’est pas seulement « chouette je vais faire de la permaculture avec mes potes ». Par contre, il y aura à terme, du travail. Énormément de travail.

Je suis pour ma part enthousiaste à l’idée de la construction d’un monde post-croissance, dont la priorité absolue serait de bâtir de la résilience et de l’autogestion pour un 21e siècle d’enlisement économique, de conflit social, de descente énergétique et de crise climatique (tout cela étant lié).

Et dernière (excellente) nouvelle : les transhumanistes fanatiques ne réaliseront pas leur projet fou.

Voici maintenant les détails.

1) Le taux de croissance décline continuellement depuis 50 ans

Pour un véritable rebond, à savoir une croissance de l’ordre de 3% par an sur plusieurs décennies qui résoudrait nos nombreux maux économiques, il faudrait une révolution de nos modes de vie d’une ampleur au moins comparable aux précédentes révolutions industrielles (si ce n’est davantage). Chacun appréciera la probabilité d’un tel scénario de rebond.

2) Nous sommes en haut de cycle économique, et le PIB par habitant est quasiment au même niveau qu’en 2008, le précédent haut de cycle

Contrairement à une croyance populaire, le PIB est absolument critique au bien-être des populations et à la cohésion sociale, du moins dans notre monde actuel. Plus le PIB augmente, plus la base fiscale augmente, plus il est possible de redistribuer les richesses, de financer les besoins croissants de protection sociale (retraites, santé, dépendance, assurance chômage) et d’assurer le maintien des services de l’Etat. Si le PIB stagne durablement, rien de cela n’est possible (donc je ne parle même pas de décroissance), sauf à augmenter les impôts et taxes (ce que l’on a déjà beaucoup fait, mais cela atteint également ses limites).

Il existe 4 mesures du PIB : le PIB courant (celui dont on entend parler), le PIB constant (corrigé de l’inflation), le PIB courant à Parité de Pouvoir d’Achat (permettant des comparaisons internationales) et le PIB constant à PPA. Sans entrer dans un débat (inutile) sur ce bazar, notre PIB courant était d’après l’INSEE de 1 996 € Mds en 2008, et 2 283 € Mds en 2018, soit une hausse de seulement 14% en 10 ans, et une croissance annuelle de 1,4% par an. D’après les données World Bank, le PIB constant à PPA a augmenté de 10% en 10 ans ; pour les besoins de l’approche mégatendancielle de cet article, on retombe largement sur nos pieds.

Les choses se gâtent encore davantage en tenant compte du PIB par habitant : +5% sur la décennie 2008-2018 en PIB constant à PPA, +9% en PIB courant, autant dire quasiment zéro.

Nous pourrions donc ressortir de la prochaine crise économique avec un PIB plus bas qu’en 2008 (avec pourtant une douzaine d’années écoulées depuis), et un ratio dette / PIB au minimum deux fois plus élevé.

3) L’accélération de la dette publique et privée depuis 2008 n’aurait donc eu aucun effet sur la croissance

D’après Eurostat, notre dette publique est passée de 56% du PIB en 1995, à 69% en 2008 (donc +13 points en 13 ans), et 98% en 2018 (donc +29 points en 10 ans !).

Moins médiatisée, la dette privée (entreprises et ménages) s’envole également, passant de 102% en 2008 à 133% en 2018, dépassant le niveau de l’Espagne.

Certes, les taux d’intérêt sont bas, voire négatifs pour certains emprunteurs (ex. l’Etat français), et le coût du service de la dette décroit. Ce Thinkerview avec Jérome Cazes et Christophe Nijdam expliquera cependant mieux que moi le risque systémique croissant posé par les taux bas. L’interview est longue, mais dans le monde qui pourrait nous attendre, il y aurait fort intérêt à se poser et prendre le temps de réfléchir.

De 1998 à 2008 (il y a eu une petite crise entre temps), la dette publique + privée de la France a gagné environ 26 points de PIB. Dans le même temps, le PIB courant a augmenté de 47%. Entre 2008 et 2018 (il y a eu une moins petite crise entre temps), notre dette publique + privée a gagné environ 58 points de PIB. Dans le même temps, le PIB a augmenté de 14% seulement.

Donc 2 fois plus de dette d’un cycle à l’autre, pour 3 fois moins de croissance (j’arrondis assez généreusement en ma défaveur). Et encore, le bilan du prochain cycle pourrait être encore plus calamiteux…

En outre, avec une dette déjà très élevée et des taux déjà très bas, nous ne disposons pas des mêmes marges de manœuvre qu’en 2008 pour relancer l’économie « réelle » à l’issue de la prochaine crise.

4) La dette était jusqu’en 2008 essentiellement détenue par les Français eux-mêmes ; ce n’est plus du tout le cas.

La France et les Français détiennent à peine la moitié de notre dette, les pays de la zone euro en détiennent un quart, le reste est réparti entre le reste de l’Europe, l’Asie et l’Amérique. Peu médiatisée et traditionnellement sous contrôle, notre dette extérieure a triplé en 10 ans pour atteindre 20% du PIB en 2017. Le seuil d’alerte de la Banque de France est de 35%, et nous sommes sur une tendance qui nécessite d’être inversée si l’on ne veut pas courir à terme un risque d’esclavagisation par la dette, et/ou de vente au rabais de nos actifs.

A relativiser cependant, car les Etats-Unis et la Chine voient également leur dette extérieure exploser : tout le monde semble devoir de l’argent à tout le monde dans ce vaste charabia artificiel et peut-être inutilement complexe (sauf éventuellement à faire grossir l’industrie bancaire sans aucune valeur sociale en retour), et il apparaît impossible de savoir si la France en ressortira finalement gagnante, ou non.

5) Le chômage augmente en tendance lourde depuis 50 ans

Le taux de chômage traditionnellement communiqué, qui tourne autour de 7 à 11% depuis les années 80, est trompeur. Il n’intègre ni le bon numérateur (chômeurs de catégorie A uniquement), ni forcément le bon dénominateur (la population active), ni de point de comparaison à long terme (ex. 2% en 1970).

Si l’on rapporte les 6,6 millions de chômeurs (catégories A à E… certes plus on approche de la catégorie E, plus on peut parler de chômage volontaire) à la population active (hors-fonctionnaires, dont l’emploi est garanti, donc on prend au dénominateur 29,6 millions d’actifs moins 5,5 millions de fonctionnaires), nous obtenons un taux de 27%. Avec les fonctionnaires, nous tombons sur 22%.

Il apparaît impossible de reproduire le même ratio pour 1970, mais il ne doit probablement pas être beaucoup plus élevé que 2%.

Baladez-vous sur Wikipedia et le site de l’INSEE, j’en extrais deux graphiques éloquents.

L’extrait suivant sur le chômage de longue durée est également éloquent :

« Les demandeurs d’emploi de longue durée (un an ou plus) représentent de façon stable plus de 40 % du nombre total de chômeurs. Leur nombre absolu est en forte augmentation depuis 2008. Il était évalué à 1 270 000 au quatrième trimestre 2009 contre 947 000 au troisième trimestre 2009 et contre 760 000 au troisième trimestre 2008, soit en hausse de 40 % sur 15 mois, selon l’Insee. En août 2012, les chiffres officiels s’établissent désormais à 1 700 000 inscrits à Pôle emploi comme chômeurs depuis plus d’un an (catégories A, B et C), dont 468 500 chômeurs depuis plus de trois ans. L’ancienneté moyenne au chômage ne cesse globalement d’augmenter. En août 2015, il bat un nouveau record avec une moyenne de 562 jours. »

6) L’économie et la cohésion sociale sont de plus en plus lourdement dépendantes de l’Etat, qui depuis 60 ans ne fait qu’augmenter sa dépense

Dans un contexte de croissance déclinante, de démographie économiquement défavorable, et de fuite en avant électorale, l’alourdissement du poids de l’Etat est inéluctable et structurel (jusqu’à ce que les prêteurs arrêtent de prêter, ou que le secteur privé ne soit plus en mesure de payer).

Pour donner un angle démographique à la chose : 19 millions d’emplois privés (dont 14% précaires, qui ne rapportent donc pas grand-chose) assurent aujourd’hui le financement de 47 millions d’enfants, d’étudiants, de chômeurs, d’inactifs en âge de travailler, de retraités, et de fonctionnaires (dont je trouve le travail le plus souvent essentiel et remarquable, mais ce n’est pas du tout le sujet ici). Des tendances comme celles du chômage, du vieillissement de la population, et maintenant de la dépendance laissent apprécier la direction que pourrait prendre ce ratio à l’avenir.

Pour mettre quelques idées en place, la Protection Sociale pèse pour près d’une moitié des dépenses publiques. Les pensions de retraites pèsent 316 milliards d’euros en 2017 (13,8% du PIB), les dépenses de santé pèsent 204 milliards d’euros en 2018 (à 78% financées par la Sécurité Sociale), et le coût direct et indirect du chômage est estimé à 100 milliards d’euros par an.

Si notre économie s’écroule, il va donc sacrément falloir se réorganiser pour assurer une couverture sociale de plus en plus bénévole et dé-monétarisée (j’y crois et y réfléchis chaque jour, mais ce n’est pas non plus le sujet de cet article).

7) Notre balance commerciale s’enlise depuis 2006, avec une moyenne de -28 milliards de dollars par an

Depuis une douzaine d’années, nous importons bien davantage que nous exportons, et ne pouvons plus compter sur les exportations comme moteur de croissance. Alors certes, avec notre force de dissuasion nucléaire, nous pouvons dire à nos créanciers étrangers d’aller se faire voir. Certes, nous devrions pouvoir survivre sans les trucs et machins importés d’Asie (mais « vivre » comme actuellement, pas du tout au regard de notre dépendance technologique). Cela risque en revanche d’être beaucoup plus compliqué en ce qui concerne notre approvisionnement énergétique.

8) Notre facture énergétique explose depuis les années 90

Nous avons oublié les leçons des chocs pétroliers des années 70, et restons chroniquement dépendants au pétrole, et de ses soubresauts économiques et géopolitiques, auxquels se rajoutent des limites physiques et technico-économiques (ressources conventionnelles qui s’épuisent, Taux de Retour Energétique décroissant, industrie pétrolière non-conventionnelle surendettée et en faillite).

D’après l’Agence Internationale de l’Energie, notre approvisionnement pétrolier (« le sang de notre économie ») est à fort risque de contraction. L’AIE projette d’ici 2025 un doublement de l’offre de pétrole de schiste américain, mais il serait nécessaire que celle-ci triple pour compenser le manque persistant de nouveaux projets classiques.

Sans trop entrer dans ce débat complexe, je ne comprends pas comment l’offre de pétrole de schiste américain peut même doubler d’ici 2025, dans la mesure où cette industrie croule sous la dette, enchaine les faillites, et ne délivre pas les progrès techniques attendus par ses investisseurs. Et il n’y a pas que le Shift Project qui le dit (je suis un fervent admirateur de ce mouvement, Jean-Marc Jancovici étant selon moi le Français le plus pertinent depuis 20 ans sur la pensée systémique complexe autour du triptyque Energie-Climat-Economie) :

https://www.ft.com/content/d48b1922-eadd-11e5-bb79-2303682345c8

https://www.nytimes.com/2019/06/30/business/energy-environment/oil-companies-profit.html

Demi-bonne nouvelle tout de même au passage : l’inflation est sous contrôle. Encore heureux pour un indicateur opaque, un peu arbitraire (mais je n’entre pas dans cette polémique ici), quasiment programmable informatiquement, et priorité absolue de la BCE.

L’Indice des Prix à la Consommation a augmenté de 50% depuis 1990, alors que le SMIC a doublé. Nous voyons cependant que le prix de l’énergie (volatile, quasiment incontrôlable, et socialement explosif), dépasse nettement l’évolution de l’IPC.

9) La déconsommation s’installe et se confirme depuis 2016

Il pourrait s’agir du coup de grâce à notre économie, déjà privée des moteurs que constituaient l’industrie et l’exportation. Avec une part croissante des classes aisées qui arrivent à satiété, et une classe moyenne fragilisée et/ou en perte de confiance, notre dernier moteur se grippe. Moins d’enfants, moins de gavage de trucs et de machins, moins de harcèlement publicitaire réclamé, « être » plutôt que posséder, freiner la destruction de la planète : certains veulent entrer dans un autre monde, et il suffirait d’une minorité fortement dé-consommatrice pour faire trembler l’économie dans son ensemble.

Pour maintenir ne serait-ce qu’une « modeste » croissance du PIB par habitant, disons de 2,3% par an jusqu’en 2050, il faudrait que je consomme deux fois plus en 2050 par rapport à aujourd’hui (sachant qu’il est attendu d’un profil comme le mien de consommer davantage que la moyenne). Merci pour cette alléchante proposition, mais non merci : je prends la direction exactement inverse depuis 15 ans, et compte poursuivre.

Je vous invite à parcourir d’autres articles et sondages d’opinion sur le sujet. Cette section de mon article est de loin la moins objectivée et macro-tendancielle, mais ne repose pas non plus sur du vent (contrairement à l’énergie éolienne dans tous les sens du terme, mais ce n’est pas le sujet ici).

10) Parmi les rares bonnes nouvelles, les inégalités paraissent globalement stables

L’indice de Gini est stable depuis les années 90, et inférieur aux années 70. L’évolution du salaire net moyen des ouvriers dépasse celle des cadres depuis 1995 (!), la part du revenu national détenue par les 10% les plus rémunérés est sable depuis 70 ans, etc…

Les inégalités semblent donc stables, bien que la part du revenu national détenue par les 1% les plus rémunérées soit passée de 8% en 1980 à 11% aujourd’hui (OK, mais il n’y a pas non plus de quoi crier au racket). Le constat se renforce sur les 0,1% et, a fortiori, les 0,01% du haut. Mais au vu des graphiques qui suivent, et des masses économiques en jeu, le problème me parait plutôt symbolique (ce qui a tout de même son importance) que réellement asphyxiant pour la masse.

Durant la crise des Gilets Jaunes, j’ai effectivement éprouvé des difficultés à trouver des indicateurs nationaux démontrant des inégalités croissantes et un déclassement massif des classes moyennes. Nous sommes donc soit sur un problème de perception, soit sur un problème d’appareil statistique…

… soit, beaucoup plus certainement, sur un problème de fractures territoriales croissantes, avec par exemple 49% de la population vivant hors-métropoles, et n’ayant bénéficié que de 18% des emplois créés sur 2013-2018. La problématique de « la France Périphérique » est très documentée et recouvre des réalités immensément diverses (je suis personnellement quelque peu exposé à celle du microcosme du « vivre autrement » en Ariège, encore plus microcosmique que mon milieu parisien), que chacun gagnerait à explorer en vue d’inverser la tendance de désagrégation de notre nation.

Dans tous les cas, la grogne sociale, les témoignages croissants de gens en difficulté pour boucler les fins de mois, la polarisation électorale vers les extrêmes, ne peuvent être ignorés. Ils ne plaident pas en faveur de la cohésion sociale, ni du rebond de la consommation des classes moyennes.

Une remarque de Bertrand Séné, suite à la publication de cet article, apporte d’ailleurs des éléments d’explications. Je le cite : « Le problème ne provient pas tant de l’évolution des revenus que de l’évolution des charges. En effet, la part des revenus consacrée au logement par les 10% les moins riches est passée de 31% en 2001 à 42% en 2013. Les salaires ont donc augmenté moins vite que les loyers, et les 10% les moins riches se sont donc retrouvés réellement appauvris.

L’augmentation des dépenses contraintes a réduit la marge restant en fin de mois à peau de chagrin, ce qui explique pourquoi une hausse de la taxe sur les carburants est devenue insupportable pour beaucoup. »

 

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