Le « Green » Deal européen dévaste le vivant loin de chez nous

Le Green Deal européen continuerait de délocaliser les dégâts environnementaux et risquerait de constituer un mauvais Deal pour la planète (et nous avec si besoin de le re-repréciser, mais le re-reconfinement offrira sans doute d’autres occasions de le re-refaire).
Derrière la rhétorique prétendant à faire de l’Europe un exemple à suivre pour le reste du monde, la dépendance de l’Europe aux importations agricole est élevée et reste orientée à la hausse. Des pratiques agricoles clairement condamnées en Europe se retrouvent encouragées par ses importations.
Depuis 18 mois des accords de libre-échange ont été signés avec les Etats-Unis, l’Indonésie, la Malaysie et le Mercosur (dont Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay). Certains de ces pays utilisent des OGM, des pesticides, et des herbicides interdits dans l’UE. Résultat : les Nations européennes ont l’opportunité de délocaliser leur pollution tout en affichant des progrès. Bien que l’UE reconnaisse la nécessité de réglementer davantage le commerce international, le Green Deal ne compte pas y toucher.
Autre exemple, entre 1990 et 2014, les forêts européennes se sont étendues de 9%, une surface équivalente à celle de la Grèce (13 millions d’hectares). Ailleurs dans le monde, 11 millions d’hectares furent déforestés pour cultiver des plantes consommées au sein de l’UE. Les trois-quarts de cette déforestation sont liés à la culture d’oléagineux au Brésil et en Indonésie (utilisés notamment pour le biodiesel et l’alimentation animale), dans des régions à la biodiversité inégalée, avec des puits de carbone majeurs.
La Directive Energies Renouvelable de 2018 stipule que les oléagineux ne doivent pas provenir de terres récemment déforestées, mais les douanes n’ont pas les moyens de vérifier la provenance des produits, et la Directive ne couvre pas les terres déforestées avant 2008. Ainsi, 9 millions d’hectares déforestés en Amazonie entre 1990 et 2008 sont considérés comme « durables ».
L’usage des pesticides est orienté à la hausse chez 8 des 10 principaux partenaires commerciaux de l’UE, au détriment des pollinisateurs.
L’UE doit prendre les mesures suivantes afin de s’assurer que le « Green Deal » justifie son appellation :
* Evaluer les impacts de son commerce international et définir des objectifs pour les diminuer.
* Harmoniser ses standards de durabilité entre sa production et ses importations, en renforçant les moyens de ses douanes et en développant des certifications. L’UE n’a évidemment pas vocation à imposer des réglementations dans des pays souverains, mais peut exiger que ses importations respectent des réglementations européennes.
* Réduire sa consommation de biocarburants, de viande et de produits laitiers
* Re-cultiver des terres abandonnées et pauvres en biodiversité, notamment dans l’ancien bloc de l’Est.
(no comment sur les deux dernières propositions de l’article sur les OGM et les cultures sous serres).
Europe’s Green Deal offshores environmental damage to other nations (nature.com)