L’oligarchie financière accapare les terres agricoles

J’ai envie d’enfiler un t-shirt de Che Guevara ces temps-ci. Pas seulement parce que la finance quitte encore plus la réalité, que l’oligarchie s’en met plein les poches en plein effondrement économique pendant que des millions de gens basculent dans la pauvreté. Mais aussi parce que la surconcentration des actifs concerne également les terres agricoles (et l’eau est le prochain sur la liste).
70% des terres arables sont entre les mains de 1% des exploitations, d’après une étude du Land Coalition. Sauf qu’on ne parle plus de chiffres abstraits sur des ordinateurs, mais de ce qu’on mange.
Merci à Stephane AUDRAND avec qui nous avons écrit ce post.
La Roumanie est un exemple particulièrement saisissant. A peine 1-2 ans après la libéralisation no-limits de ses terres, c’était le Far West, avec 7-8% de ses terres arables passées entre les mains d’investisseurs étrangers.
La France n’est pas en reste. La loi permet aux SAFER d’exercer un droit de préemption pour l’acquisition de la totalité des parts sociales d’une propriété agricole. Mais des cessions partielles peuvent être aisément organisées pour contourner ce dispositif, ni vu ni connu. Les terres françaises se font grignoter, et on ne sait même pas par qui.
On note dans ce secteur la même logique que dans les secteurs « extractifs » : l’aval (le négoce et la transformation) après avoir concentré ses forces financières, s’accapare l’amont, qui n’est plus protégé de la « concurrence libre et non faussée ». Cela s’est vu dans les mines, dans les forêts… Et maintenant dans les terres agricoles.
L’immense inflation de la masse monétaire (même à prix constants) née de la croissance de l’économie mondiale a totalement démonétisé les terres agricoles qui, en comparaison au XIXe siècle, ne représentent plus un coût insurmontable pour les investisseurs.
Demain, le rêve de l’industrie agro alimentaire est là : faire cultiver les terres par des salariés (si possible précaires) et par des drones (qui ne se mettent pas en grève), pour maximiser la production à destination des zones urbaines. Les zones « incultes » (car trop pentues) seront laissées à la protection de la biodiversité.
Artificialisation, spéculation foncière, accaparement, destruction de la matière organique et de la biodiversité… Les sols sont en danger.
Ici le lien vers l’étude sur la concentration des actifs fonciers agricoles.
Dormez tranquilles cependant. Grâce au coronavirus notre gouvernement a ouvert les yeux sur les limites de la mondialisation et de la financiarisation de tout. Grâce à la chauve-souris on va s’occuper de souveraineté et de sécurité alimentaire.