Energies renouvelables : le Président de la CRE remet les points sur i

Bien que je sois plutôt sceptique à l’égard des énergies renouvelables (moins qu’il y a un an, plus qu’il y a 5 ans), du moins sur leur capacité à fournir une part significative de besoins énergétiques mondiaux croissants, je me suis prudemment abstenu de réagir à chaud aux propos de Stéphane Bern et cie sur le rejet total de l’énergie éolienne.
J’ai bien fait d’attendre et d’en être certain : ces gens-là racontent des âneries du café du commerce, et pensent avoir tout compris au problème hautement complexe de la transition énergétique parce qu’ils ont regardé un documentaire.
Leur vision et leur discours semblent sérieusement se limiter à « Ecologie = Climat = Energie = Nucléaire qui va tout régler » (chacune de ces égalités étant profondément ahem ahem). Industrie nucléaire qui, rappelons-le, pèse quelques % du mix énergétique mondial, et dont les capacités stagnent depuis 30 ans (je le déplore, mais c’est comme ça, pour tout un tas de raisons). Ce qui ne veut pas dire qu’il ne faut pas en faire : au point où nous en sommes, nous n’avons absolument plus le luxe de rejeter une quelconque solution.
Ces gens-là sont globalement à côté de la plaque lorsqu’on écoute des experts. Parmi les experts, au hasard, Jean-François Carenco, président de la Commission de régulation de l’énergie, dont des propos extraits de son interview aux Echos sont repris dans cet article de Clément Jeanneau :
« Un moratoire national [sur la construction d’éoliennes] n’aurait aucun sens. Aujourd’hui, la France dispose d’un mix électrique qui fonctionne avec 67 % d’énergie nucléaire et il n’est pas sérieux de penser qu’on pourra rester à ce niveau-là dans les décennies à venir. (…) Penser qu’on peut miser à 100 %, ou presque, sur le nucléaire n’est pas sérieux. A l’horizon 2050, tous nos réacteurs se seront arrêtés et nous ne sommes pas en capacité de construire 62 gigawatts [la puissance du parc français] de nucléaire. (…) Il nous faut développer des énergies renouvelables, le plus rapidement et le plus massivement possible. Il nous faut du nucléaire et des énergies renouvelables. Opposer les deux est soit un mensonge, soit de la bêtise, soit de la malveillance”.
Et en fait c’est comme ça partout, les chercheurs ont beau trifouiller les chiffres, il en ressort qu’il y a besoin de déployer la palette la plus large possible de solutions (et en matière de production d’énergie, y en a pas 1000 prêtes à l’emploi) pour laisser aux générations futures autre chose qu’un effondrement énergétique et un chaos climatique. J’aimerais bien qu’il en soit autrement, que les solutions soient simples, que l’effort nécessaire soit moins conséquent, et qu’on ait plus de temps pour le réaliser… mais il n’en est hélas pas (du tout) autrement.