Climat

Les scientifiques et le GIEC parlent de géo-ingénierie depuis des années, mais tout le monde s’en fout

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Promis, c’est la dernière fois cet été que je parle de géo-ingénierie, idée avec laquelle j’entretiens un rapport décidément ambigu depuis 15 ans. Rapport du GIEC « Global warming of 1.5C », p. 350 :

« SAI (Stratospheric Aerosol Injection) is the most-researched SRM (Solar Radiation Management) method, with high agreement that it could limit warming to below 1.5C. The response of global temperature to SO2 injection, however, is uncertain and varies depending on the model parametrization and emission scenarios. »

C’était écrit noir sur blanc en 2018 par l’organisation scientifique la plus importante du monde, pourtant personne ou presque n’y a prêté de l’intérêt (y compris moi).

Les climatologues constatant que l’atténuation des émissions de GES et la capture du CO2 risquent de ne pas suffire (sans blague), les recherches s’accélèrent pour diminuer le rayonnement solaire atteignant la Terre. Certaines techniques envisagées sont chères et fantaisistes (ex. miroirs géants dans l’espace). Mais l’injection d’aérosols dans la stratosphère est de plus en plus considérée comme pouvant tenir la route : pas chère, pas de défi technologique ou de souci de passage à grande échelle, retours d’expérience disponibles avec les éruptions volcaniques, recherche capable d’approfondir les risques potentiels etc.

Ca ne résoudrait pas tous les problèmes liés aux émissions de CO2 (ex. acidification des océans), ni ceux liés à l’énergie, la biodiversité, l’eau… Mais ce serait quand même une sacrée épine hors du pied.

Certes ça présente potentiellement des risques. Mais encore 20-30 ans de réchauffement, et en parallèle 20-30 ans de recherche, et on pourrait se dire que c’est ça ou la guerre partout, et que le bénéfice-risque est avantageux.

Certes ça ne peut qu’être plus ou moins temporaire, pour gagner du temps pour réduire nos émissions :
* soit parce qu’on sera rattrapés par le pic énergétique (pétrolier, voire gazier, voire un peu charbonnier car les ressources de charbon sont concentrées dans peu de pays)
* soit parce que le réchauffement vécu d’ici 2040-2050 nous incitera à faire les efforts nécessaires (mais est-ce que les climatologues, qui auront acquis le pouvoir colossal de régler le thermostat terrestre, éviteraient de trop le réduire, histoire de ne pas laisser les gens penser que « c’est bon, la technologie s’occupe de tout » ? Voilà un dilemme parmi d’autres)
* soit les deux

Mais bref, qu’elle réussisse ou non, la SAI changerait sacrément la donne. Si elle réussit, les techno-solutionnistes auront eu plutôt raison (ils sont certes peu à préconiser cette approche technologique là, qui m’apparait pourtant moins farfelue que beaucoup d’autres).

Paradoxalement, les climatonégationnistes auront eu raison dans leur posture jemenfoutiste, sauf que si le GIEC avait adopté leur approche, on se serait dirigés dans l’ignorance et l’obscurantisme vers un cataclysme mondial.

Bon, le suspense sera long.

En attendant, profitons de l’été ! La Nina c’est fini.

Explainer: Six ideas to limit global warming with solar geoengineering – Carbon Brief

 

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