Energie et ressources

Le Taux de Retour Energétique très faible du pétrole non-conventionnel

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« Il reste des quantités astronomiques de pétrole sous nos pieds, qu’on n’arrivera jamais à épuiser ». Et pour cause, on n’ira jamais en chercher la majeure partie, parce qu’elle coute très cher à extraire, et surtout parce qu’elle ne représente que très peu d’intérêt énergétique : le Taux de Retour Energétique (TRE) est beaucoup trop bas, impossible de soutenir notre civilisation avec ça.

Le pic de production de pétrole conventionnel (dont le TRE est élevé et nous permet de vivre comme on vit) a probablement été franchi au milieu des années 2000 (d’après l’AIE et nombreux observateurs). Et le déclin devrait s’accélérer significativement (notamment au regard des découvertes faméliques du début des années 2010 malgré des investissements conséquents dans l’exploration, puis le désinvestissement important des dernières années).

Il existe des milliers de milliards de barils de réserves non-conventionnelles :
* huiles de schistes (ou pétrole de roche mère, shale oil), principalement produits aux Etats-Unis à ce jour (environ 8-10% de la production mondiale), toujours difficilement rentables, et présentant un TRE autour de 5.
* sables bitumineux principalement produits au Canada (~3% de la production mondiale), avec un TRE stagnant autour de 4, et qui vient de prendre un coup sévère avec l’annulation du projet Keystone XL.
* schistes bitumineux, production négligeable à ce jour, avec un TRE compris entre 1 et 2, voire potentiellement en-dessous de 1 (donc on dépenserait plus d’énergie qu’on n’en récolte : ça ne sert à rien)

Les schistes bitumineux (oil shale) sont un stade de maturation du kérogène encore moins avancé que le pétrole de roche mère. On a deux options pour les exploiter :

1) attendre que la nature fasse le travail de maturation sur des dizaines de millions d’années, soumettant le kérogène à des températures et pressions croissantes par enfouissements sédimentaires, avant de migrer le liquide et le gaz, nous offrant ainsi gratuitement un trésor servant à la fois à nourrir 8 milliards de personnes et envoyer des milliardaires dans l’espace

2) si on est hyper-pressés de tout cramer en quelques décennies, soumettre le kérogène à un processus très énergivore reproduisant rapidement le travail de la nature (notamment par une pyrolyse à 500 degrés)

On pourrait rajouter à cela le Coal-To-Liquid : du pétrole synthétisé à partir de charbon par le procédé Fischer-Tropsch. Cela a pu servir à l’Allemagne nazie sevrée de pétrole pour continuer à faire voler les avions de la Luftwaffe. Cela a pu servir au régime d’apartheid d’Afrique du Sud sous sanction et privé d’importations de pétrole. Mais avec un TRE de 2-3 (voire en-dessous de 1 comme observé à l’usine de Shenhua en Chine), on ne peut là non plus guère compter là-dessus pour soutenir nos modes de vie.

Sans parler du fait que tout cela serait aberrant sur le plan climatique, et que les investisseurs et les politiques auraient de plus en plus tendance à tourner le dos à ces « opportunités ».

En complément, le TRE du coal to liquid à l’usine de Shenhua :

https://energyskeptic.com/2015/eroi-negative-for-coal-to-liquids-ctl-at-shenuha-direct-coal-liquefaction-plant/

Une petite histoire du coal to liquid en Allemagne nazie et en Afrique du Sud sous l’apartheid (coal to liquid que l’auteur de cet article voit comme une formidable opportunité pour poursuivre sur le mode jemenfoutiste) :

https://slate.com/business/2006/10/the-nazi-germany-apartheid-south-africa-invention-that-could-make-oil-obsolete.html

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