Climat

Combien de degrés de réchauffement d’ici 2100 ? Je n’en sais fichtrement plus rien.

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On m’a récemment posé une très bonne question dans un petit débat filmé (qui sera diffusé à la rentrée) : « quel sera selon vous le niveau de réchauffement en 2100 par rapport à l’ère pré-industrielle ? ». A quoi j’ai répondu « je n’en sais fichtrement rien ». Réponse très différente de celle que j’aurais donnée y a un an, genre « +4-5 degrés »… Mais sur ce sujet plus on en apprend, plus on est ignorant.

1) Je ne sais pas quelles sont les quantités d’énergies fossiles qui nous seront accessibles. Je lis et écris beaucoup de choses sur le sujet (ex. hier sur le TRE des pétroles non-conventionnels) mais il y a encore de grosses inconnues sur le pic pétrolier, et la vitesse du declin après le pic.

2) Je ne sais pas quelle sera la volonté socio-politique de limiter la consommation d’énergie fossile les 80 prochaines années. Or la marge de manœuvre est énorme.

3) Je suis incapable de prévoir le progrès et le déploiement des technologies bas carbone.

4) Les scientifiques ne sont toujours pas au clair sur la sensibilité climatique, à savoir le niveau de réchauffement qui résulterait d’un doublement de la concentration atmosphérique de CO2, qui pourrait arriver autour de 2060 avec 560ppm (donc pour 2100, c’est encore plus spéculatif). Depuis des décennies on n’arrive guère à resserrer l’intervalle « likely » (plus de 66% de probabilité) au-delà de +1,5-4,5C. Récemment les recherches sont parvenues à resserrer cet intervalle autour de +2,6-4,1C. En dehors de cet intervalle, il y aurait moins de 5% de probabilité d’être en-dessous de +2C, et 6-18% de probabilité d’être au-dessus de 4,5C.

5) S’il n’y avait que ça, je dirais qu’en 2100 on serait à « au moins +3C voire plus ». Puis est venue cette foutue histoire de géo-ingénierie solaire par injection d’aérosols dans la stratosphère, prise de plus en plus au sérieux, et donnant des résultats étonnamment bons dans les simulations des climatologues pour contenir le réchauffement en-dessous de +1,5C.

On peut les qualifier « d’apprentis sorciers », mais il n’apparaît pas absurde, face aux échecs de la lutte contre les émissions de CO2, que certains climatologues ne restent pas juste les bras croisés à regarder nos enfants s’entretuer et mourir de faim. Du coup, les recherches accélèrent et certains chercheurs en sont à étudier le « mix optimal d’aérosols » à balancer dans la stratosphère. Une étude récemment parue dans Nature (cf. lien en commentaire) examine l’opportunité d’utiliser davantage de carbonate de calcium et moins de dioxyde de souffre (en gros plus de craie et moins de souffre) pour atténuer le risque de dégâts sur la couche d’ozone qui serait provoqué par un excès de sulfates.

Je n’arrive même pas à croire ce que je viens d’écrire. 🤔

Guest post: Why low-end ‘climate sensitivity’ can now be ruled out (carbonbrief.org)

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