L’acidificaion des océans lors de la dernière crise d’extinction (un peu de paléo-collapsologie pour détendre l’atmosphère)

3e épisode de la petite série que nous proposons avec Adeline Dehlinger sur l’acidification des océans, avec un peu de paléo-collapsologie pour détendre l’atmosphère.
Le cratère de Chicxulub au nord du Yucatán fut provoqué par la chute d’un astéroïde (ou comète) qui s’est abattu sur la Terre il y a 66 millions d’années à la fin du Crétacé. D’un diamètre égal à au moins 180 km, ce cratère fut causé par la chute d’un corps d’une dizaine de kilomètres de diamètre. L’impact libéra une énergie comparable à une explosion équivalente à 20 à 900 milliards de fois la bombe d’Hiroshima. Le résultat fut des méga-tsunamis de 100m à 1,5km de haut selon les estimations, des méga-feux de forêt, des ondes de choc provoquant des éruptions volcaniques et des tremblements de terre de magnitude 12 (i.e. c’est très très désagréable), et l’injection d’une quantité de poussières dans l’atmosphère telle que l’ensoleillement de la Terre en fut fortement réduit, entraînant une disparition massive des plantes et l’effondrement de la chaîne alimentaire.
Bref, c’était un peu relou. Mais au final tant mieux, sinon on ne serait pas là aujourd’hui pour étudier l’événement et en être fasciné. On ne serait pas là non plus pour refaire table rase de la vie sur Terre et repartir sur des bases encore meilleures.
Les mécanismes précis par lesquels l’impact de l’astéroïde menèrent à la 5e crise d’extinction restent incertains. Cette étude examine un isotope du bore contenu dans les foraminiferes planctoniques et benthiques pour déterminer si l’acidification des océans a pu jouer un rôle dans l’extinction. Elle identifie une baisse rapide du pH à la surface des océans, suite à l’impact Chicxulub, comme mécanisme clé de l’effondrement de la vie marine. La baisse estimée du pH est de l’ordre de 0,25 en un millier d’années (pour rappel, la période actuelle de 6e extinction a déjà réalisé 0,15 de baisse, atteindrait la même performance de 0,25 autour de 2050 quoi qu’on fasse, et pourrait atteindre 0,5 d’ici la fin du siècle).
Cette évolution brutale du pH allait de pair avec une forte augmentation de la concentration du CO2 atmosphérique, d’environ 900ppm à 1600ppm. Hausse entraînée par des feux des forêts et/ou le dépérissement des végétaux et/ou la mort des planctons à coquille calcaire et/ou un affaiblissement de la pompe biologique à carbone et/ou une augmentation de l’activité volcanique.
Par la suite, le pH rebondit rapidement avec l’extinction des organismes calcificateurs marins et le déséquilibre induit sur le cycle global du carbone.