Le franchissement de points de bascule océaniques dans l’indifférence générale

Suite de notre petite série sur les océans, avec une étude récemment publiée par l’Académie des Sciences américaine sur les risques de points de bascule océaniques : réchauffement, acidification (par excès de CO2 atmosphérique dissous dans l’eau), désoxygénation (notamment par excès d’engrais agricoles se déversant dans l’eau, entrainant la prolifération d’algues et de plantes provoquant l’asphyxie de l’écosystème aquatique).
(Et encore, l’étude n’aborde pas les pollutions plastiques, ou les pollutions chimiques autres que celles provoquant l’eutrophisation/désoxygénation).
La définition des « points de bascule climatiques » par le Giec est le seuil à partir duquel un changement dans les propriétés d’un système déclenche une réorganisation du système vers un nouvel état, souvent de manière non-linéaire, sans revenir à son état initial.
Les points de bascule climatiques sont le plus souvent associés à des événements singuliers aux impacts catastrophiques. Certains recevant particulièrement de l’attention sont généralement jugés comme ayant une faible probabilité de survenir avant 2100 (quoique…), comme l’arrêt du Gulf Stream ou la désintégration rapide de la calotte polaire Ouest-Antarctique, qui provoqueraient tous deux une sacrée pagaille.
Cet article suggère que des événements à fort impact ET à forte probabilité comme le réchauffement, l’acidification et la désoxygénation de l’océan sont certes plus fragmentés régionalement et dans le temps, mais impactent la planète de manière globale en s’additionnant. Ces points de bascule devraient être pris tout autant au sérieux, de manière à avoir une vision complète des risques climatiques concourant au cocktail potentiellement explosif auquel nous avons affaire, et de l’intérêt de se sortir les doigts du fion (vulgarisation de ma part, mais c’est l’idée, sans exagération).
Le réchauffement, l’acidification et la désoxygénation de l’océan présentent le potentiel de déclencher des changements brutaux de l’environnement océanique, avec des conséquences dramatiques pour la vie marine. A ces évolutions rapides se superposent des événements ponctuels désastreux comme les canicules océaniques, l’hypoxie de milieux côtiers, ou des acidifications liés à des forts épisodes de remontée d’eau.
Certains basculements sont déjà visibles. Cela comprend pas exemple des changements d’un état de sursaturation vers un état de sous-saturation de formes minérales de carbonate de calcium utiles à la formation de coquilles de nombreux organismes marins à la base des chaines trophiques des océans. Ou encore des formations de « zones mortes » hypoxiques.