La « sobriété » ne serait apparemment pas qu’un délire écofasciste d’occidentaux parvenus

La « sobriété » énergétique et alimentaire ne serait pas qu’un délire écofasciste d’occidentaux parvenus, mais une variable sérieuse intégrée par les chercheurs pour faire reboucler l’équation Agriculture-Energie-Climat et limiter le réchauffement.
Si bien que le GIEC, dans son rapport spécial de 2018 (un monde à +1,5C) emploie le terme « lifestyles » 56 fois, le terme « behaviour » (au sens des comportements de consommation) plus de 100 fois. Dans la fuite du rapport du Groupe III à paraitre en 2022, le GIEC persiste et signe : des changements de mode de vie seront nécessaires, en particulier dans les pays riches et chez les individus fortunés, ex. cesser de surchauffer ou surclimatiser les bâtiments, mobilité douce, réduction du trafic aérien, évolution des régimes alimentaires…
Nous n’avons malheureusement plus le luxe de nous passer d’un quelconque levier d’action, et la sobriété en fait partie. Au point où nous en sommes, en raison des errements politiques depuis 30 ans (au nom de promesses technologiques jamais réalisées), nous nous voyons de plus en plus contraints de retirer le CO2 déjà émis dans l’atmosphère et dilué à 0,04%, avec des promesses technologiques encore plus hypothétiques, loin d’être matures, et relevant d’un monde de Shadoks (beaucoup trop de ressources nécessaires pour la manœuvre). En attendant que la technologie murisse (ou pas), chaque tonne de CO2 évitable, mais émise par insouciance et narcissisme, oblige d’autant plus à recourir à ces technologies imaginaires. Quand bien même, ces technologies ne dispensent pas de réduire les émissions à la source : il n’est pas difficile de comprendre que plus on émet, plus le serpent se mord la queue.
Il n’est pas admissible que des multimilliardaires s’envoient dans l’espace pour leur petit plaisir, engloutissant des ressources naturelles dont le monde a besoin pour ses besoins de base, traitant de surcroit notre atmosphère, et notre planète en général, comme une poubelle. Les exemples sont foison et symptomatiques d’un système malade. Il faudrait commencer par interdire ces pratiques jemenfoutistes, puis s’attaquer au gaspillage de l’étage du dessous, jusqu’à atteindre des niveaux de consommation soutenables et socialement équitables (mais ça c’est dans l’idéal ; dans la réalité ce n’est pas ce qui va se passer, donc les choses vont mal tourner).
Parmi les chercheurs les plus ambitieux en matière de sobriété énergétique figurent ceux de l’IIASA et leur étude LED (Low Energy Demand). Dans les grandes lignes la demande énergétique peut être drastiquement réduite de 40% d’ici 2050, tout en fournissant à l’humanité entière un niveau de vie décent. Cela est possible en déployant tous azimuts les technologies matures à notre disposition dès à présent (donc sans attendre de miracle technologique) mais aussi les mesures de sobriété.
Ça c’est un système intelligent et une trajectoire honnête (avec de nombreux co-bénéfices autres que le climat). Ça c’est la classe.