Pic pétrolier = rationnement ? « La marée baisse, on va voir qui a un slip »

« La marée baisse, on va voir qui a un slip ». C’est ce que m’a soufflé Laurent Aillet (inspiré par une phrase de Warren Buffet sur un autre sujet) lorsque les Etats-Unis et la Chine ont commencé à taper dans leurs réserves stratégiques de pétrole.
Lors du choc pétrolier de 1973, le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Italie, la Suisse et la Norvège encadrèrent l’usage de l’avion, de la voiture et du bateau. La Suède rationna l’essence et le fioul de chauffage. Les Pays-Bas imposèrent des peines de prison à ceux consommant davantage que leur ration d’électricité.
Dès le début de la guerre de 1939 en Angleterre, le pétrole fut la première marchandise à être rationnée. L’automobiliste anglais moyen faisait environ 1000km par mois avant guerre. Le rationnement l’a ramené à 250km en 1939, jusqu’à quasiment zéro en 1942, pendant le pic de la bataille de l’Atlantique. Ce fut l’envol de la bicyclette, qui était de surcroit plus sure que la voiture dans les rues pendant les raids aériens (moins de chance de rester coincé). L’essence « pour tout le monde » était teintée, et l’essence pour les « services essentiels » (tiens tiens…) non-teintée. Selon les besoins estimés, chacun avait droit à un certain nombre de coupons, qu’il pouvait dépenser pour de l’essence à prix bloqué. Les services essentiels (ex. médecins), eux, avaient une allocation. Merci à Stéphane Audrand pour toutes ces références historiques !
Contrairement à la France où le rationnement évoque le souvenir de l’Occupation (mais à un moment, il faut s’en remettre, c’était y a 80 ans, et la situation actuelle n’a rien à voir), d’autres pays en ont une évocation plutôt positive : ce fut le moment pendant l’embargo de l’OPEP de 1973 où l’on se serra les coudes pour que chacun ait sa juste part.
Cet article suppose que le « pic tous pétroles » est déjà passé en 2018, ou est en passe de l’être. Que la suite sera trop brutale pour être absorbée « dans la joie et la bonne humeur ». Que le rationnement s’imposera, et que contrairement à 1973 (choc pétrolier temporaire pour raison géopolitique et conjoncturelle), il sera définitif, pour raison physique et structurelle. Ce ne sera pas pour faire plaisir aux écolos (ce ne sera certes pas faute d’avoir prévenu depuis 50 ans, c’était pas une métaphore), mais pour éviter l’explosion sociale, et pour sécuriser la part d’énergie qui revient à chacun.
Désolé, mais écolo ou pas écolo : quand yapu, yapu.
Y a déjà pu d’budget carbone, mais ça on s’en fout, c’est encore trop abstrait (à voir si ça le reste longtemps, car le changement climatique, face aux pénuries et dégâts matériels et humains qu’il engendrerait, pourrait accentuer la nécessité et l’acceptabilité sociale du rationnement).
Mais si jamais yapu d’pétrole, yapu d’pétrole. Climat ou pas climat.
Alternativement, on pourrait laisser les oligarques et la bourgeoisie poursuivre la fête énergétique, enlever le pain de la bouche des Gilets Jaunes, et détourner l’attention sur l’islamo-gauchisme ou le wokisme ou chepakoi (que ne ferait pas Vincent Bolloré pour quelques tours de plus dans son yacht…). Ce n’est pas l’hypothèse développée ici, qui annonce le rationnement comme mesure de gestion de crise mais aussi de justice sociale et d’incitation à l’innovation et l’efficience. Le rationnement n’est donc pas « punitif » (mais on l’aura bien cherché quand même).
Le scénario décrit ici est une exploration parmi d’autres. J’aurais tout autant pu développer un scénario de descente pétrolière à un rythme permettant l’adaptation sans avoir à se contraindre, et de géoingénierie solaire permettant de contrôler le réchauffement climatique. Je le fais dans d’autres articles et dans mes conférences.
La première partie de cet article aborde la question de la production de pétrole, et renvoie à des liens pour ceux qui voudraient aller plus loin. La seconde partie aborde la question de la thèse (à mon sens farfelue) du pic de demande. La troisième partie ouvre la perspective d’un « Grand Rationnement ».
Production menacée : célafotozécolos
Pour rappel l’AIE a acté le franchissement du pic de production de pétrole conventionnel vers 2006, et disait en 2019 que la production de shale oil américain non-conventionnel devrait être multipliée par 2 ou 3 d’ici 2025 pour éviter un « supply crunch ». Nous n’en prenons guère le chemin : après une douzaine d’années de déficit et avec des investisseurs de plus en plus impatients, le secteur donne désormais la priorité au versement de dividendes aux actionnaires. Depuis que le secteur investit beaucoup moins, il est rentable ! Les investissements ont diminué de 60% par rapport au pic de 2014.
Autre signe, l’Arabie Saoudite a évoqué dernièrement un risque de « collapse » de l’approvisionnement pétrolier (carrément) en raison d’un sous-investissement chronique. Pour des raisons développées dans cet article de Bloomberg, les Saoudiens ne font pas là leur petite promo, leurs champs étant de toute façon fermés aux investisseurs étrangers.
La théorie est la suivante : célafotozécolos. Traduction d’un passage de l’article de Bloomberg : « Les investisseurs ont-ils été si intimidés par les militants écologistes qu’ils ne sont plus disposés à investir des capitaux dans de nouvelles productions pétrolières ? ». C’est possible. Le mouvement de désinvestissement des énergies fossiles est réel, bien que parfois exagéré.
Ce que ne nous disent ni les Saoudiens ni Bloomberg, c’est que le secteur pétrolier a engagé des investissements records dans l’upstream au début des années 2010 (environ 700 milliards de dollars par an de 2010 à 2014), pour ne trouver relativement que dalle. Vous trouverez ce point-là bien sourcé, par exemple dans cette interview de Pierre Hacquard, à partir de la minute 23. Nul doute cependant que l’avenir, sur ce point comme sur d’autres, nous réserve une bonne dose de révisionnisme historique pour se défausser de ses responsabilités.
On est donc dans une situation où l’on trouve peu de pétrole si l’on investit lourdement, et où l’on investit deux fois moins qu’il y a 10 ans. Attachez vos ceintures.
Ce que ne nous disent pas non plus les Saoudiens et Bloomberg, c’est qu’on a consommé du pétrole comme des porcs sans se soucier du long terme. Dans un monde plus sobre où les pays déjà riches en auraient consommé deux fois moins, il y aurait encore de la marge. Mais ce n’est pas le choix qu’on a fait.
Pour repousser le pic pétrolier (ou en atténuer la brutalité) une part croissante de notre « salut » viendrait des réserves bien dégueulasses de sables bitumineux du Canada et de pétrole extra-lourd du Venezuela. Une perspective cependant hypothétique, pour des raisons physiques, économiques, politiques et environnementales.
Enfin, le fait que le monde produise du pétrole est une chose. Le fait que l’Europe y ait accès en est une autre (sachant qu’on n’a quasiment rien dans notre sous-sol). D’une part, depuis le décollage économique de l’Asie, l’Europe est encore moins seule à convoiter la ressource ; l’Inde et surtout la Chine ont désormais la puissance nécessaire pour ne plus se laisser marcher sur les pieds, et faire valoir leurs intérêts. D’autre part, si un jour les pays exportateurs décident de nous en exporter moins, pour le préserver pour eux et en faire chepakoi (garder suffisamment d’énergie pour continuer à avoir assez d’eau face au dérèglement climatique par exemple, je n’en sais rien), eh bien on l’a dans le baba.
L’autre grand point évoqué dans l’article de Bloomberg, à juste titre, est celui de la poursuite de la hausse de la demande.
Le pic de demande aux pays des merveilles
Le monde féérique de la théorie du pic de demande (à base de SUV électriques alimentés par des panneaux solaires, de camions électriques alimentés par des éoliennes, et d’avions à hydrogène avec du H2 produit par des électrolyseurs alimentés par des SMR) se heurte à la réalité.
Dans le monde réel, des milliards d’êtres humains du « bas de la pyramide » veulent consommer autant de pétrole que nous. Qu’ils n’y aient pas accès, qu’ils s’auto-censurent, ne manifestent pas de « demande », et restent pauvres, certes. Mais ce n’est pas forcément ainsi qu’on imaginait le monde merveilleux du pic de demande. Tous les Africains ne voient d’ailleurs pas forcément d’un très bon œil le désinvestissement des énergies fossiles, qualifié par certains de « néo-colonialisme vert ».
Au milieu de la pyramide, loin des affabulations élitistes hors-sol à base de véhicules autonomes pour tous, de voitures volantes, d’hybridation homme/machine (comprendre ici : vous implanter des puces sous la peau et dans le cerveau), de « smart city » (comprendre ici : une société d’hypersurveillance de vos moindres faits et gestes), et de tourisme spatial…
… les classes laborieuses ont majoritairement besoin d’une voiture à essence pour aller bosser, et ne demandent guère plus. La voiture électrique en Europe décolle et commence à représenter une part importante des ventes, mais il faudra encore attendre longtemps avant que cela ne représente une part significative de la flotte (sans parler des freins potentiels liés à l’approvisionnement de métaux critiques comme le cobalt, le lithium et le nickel).
Les classes laborieuses asiatiques (vivant encore en moyenne en-dessous du niveau de vie du Smicard français, rappelons-le) aimeraient tout autant consommer du pétrole. A juste titre.
Et le monde veut globalement de plus en plus d’avions, de plus en plus de transports de marchandises, de plus en plus de produits pétrochimiques, de plus en plus de bitume… Sans faire une analyse détaillée poste par poste, la demande mondiale reste orientée à la hausse. Qu’une part de cette demande se voit détruite par déclassement et appauvrissement des masses qui renoncent à partir en vacances pour pouvoir se chauffer, peut-être. Mais là non plus, on n’est pas tout à fait dans le monde merveilleux du pic de demande.
Au prochain choc pétrolier, un Grand Rationnement définitif ?
Changement climatique, gestion de la ressource sur le long terme (plutôt que tout cramer et ne rien laisser ni à l’Afrique ni aux générations futures), réduction de la pollution de l’air… les bonnes raisons de rationner le pétrole sont nombreuses.
Auxquelles se rajoute la justice sociale. Le rationnement fait peur aux riches, préférant des taxes qui leur sont indolores et écrasent les plus pauvres. Une objection fort légitime des Gilets Jaunes était que le kérosène et les yachts ne se voyaient nullement contraints. Des Gilets Jaunes comprennent tout à fait que le monde ne puisse pas croitre à l’infini, que les ressources s’épuisent et que le climat se dérègle. Ils ne veulent juste pas être les dindons de la farce de la « transition énergétique ».
Le prochain choc pétrolier serait l’occasion à la fois pour les classes laborieuses et les écologistes de faire valoir la justice sociale et environnementale (les vrais écologistes, ceux qui proposent que nous consommions de moins en moins de ressources naturelles, pas les imposteurs qui s’illustrent en selfie sur Instagram en plein « safari écolo », ou ceux qui s’envoient dans l’espace pour se rendre compte avec émotion que notre planète est fragile).
Tant que nous ne sommes pas dos au mur, on continuera à bavasser, à greenwasher, à jouer la montre, et à prolonger la fête tant que possible, du moins pour une minorité en nombre décroissant qui fera tout pour consommer une part croissante d’un gâteau de taille décroissante, aux dépens d’une majorité en nombre croissant.
Ne vous laissez pas marcher sur les pieds. Vigilance au traitement médiatique du prochain choc pétrolier. Ne vous laissez pas entuber par le récit que diffusera la ploutocratie : il suffit que neuf individus se mettent d’accord sur l’histoire à raconter, et leurs gentils chienchiens qui leur servent de « journalistes » et de « politiques » relaieront. Ce n’est pas une conspiration, c’est le fonctionnement parfaitement transparent des médias, et un mécanisme historiquement avéré.
Une fois que l’on a dit ça, il apparait évident, dans un monde sous contrainte matérielle, énergétique et climatique croissante, qu’on ne peut plus faire n’importe quoi, et que les choses doivent s’organiser convenablement. On peut imaginer par exemple, en cas de « 1973 bis sans re-croissance » :
- Avant toute chose, interdiction pure et simple des yachts, des jets privés, et des voyages en première classe, jusqu’à trouver une alternative inépuisable et bas-carbone au pétrole. C’est peut-être symbolique (mais de moins en moins à mesure que les tendances en cours se prolongent), mais c’est un préalable si l’on veut une quelconque justice et acceptabilité sociale dans la manœuvre.
- Instauration d’un quota de kilomètres en avion par personne et par an, avec des aménagements pour les voyages pour motif familial, dans la logique d’une proposition de loi déjà émise. Et ce, jusqu’à trouver une alternative inépuisable et bas-carbone au kérosène (après tout, l’Association Internationale du Transport Aérien prétend pouvoir être neutre en carbone d’ici 2050, donc cette mesure lui serait complètement indolore, voire bien vécue car incitant à accélérer le progrès technologique).
- Indexation de la consommation de carburant du véhicule sur la taille du foyer fiscal. Un foyer à une part aurait ainsi droit à un véhicule consommant 3L/100, un foyer à deux parts 4L/100, un foyer avec 2 enfants 5-6L/100. Toute autre mesure serait la bienvenue pour empêcher les conducteurs de voitures inutilement grosses et consommatrices de nuire à la sécurité énergétique des familles modestes dépendantes de la voiture.
- Prélèvement kilométrique sur les poids lourds (à l’image de ce qui se fait déjà en Belgique), et surtaxation du transport de produits non-essentiels (je ne doute pas que la bureaucratie paralysante soit capable de branler le mammouth sur la définition exacte de « non-essentiel », mais on observe curieusement qu’une fois dos au mur, la notion devient soudain très limpide).
- Instauration d’une sécurité sociale de l’énergie. Le plus complexe sera d’instaurer un schéma socialement équitable entre les citadins de centre-ville qui n’ont pas besoin de voiture pour vivre et les périurbains et ruraux (majoritaires en France) qui ne peuvent pas vivre sans voiture. Bien que le rationnement soit plus socialement équitable que la taxe, la chose se complique en raison de la diversité des situations individuelles. Je serais curieux de voir comment cela se goupillerait…
Merci de nouveau à Stéphane Audrand pour avoir inspiré certaines de ces idées. Mais nous n’allons pas imaginer, seuls, tout ce qu’il pourrait se passer, ni tout ce qu’il faudrait faire. J’ai bien observé, je suis apparemment le seul francophone, dont la modeste audience dépasse les 10 000 personnes, qui parle régulièrement de rationnement. L’Institut Momentum en parle parfois, et des personnes remarquables comme Mathilde Szuba mériteraient davantage d’attention. Je reçois régulièrement des demandes de connexion sur LinkedIn de la part de responsables politiques, de chefs d’entreprise, de militaires et de journalistes, qui parcourent mes propositions. Qu’ils en fassent ce qu’ils veulent. Le but n’est pas de « convaincre », mais de diffuser des idées.
Nécessité fera loi
Si l’Europe a fait preuve d’ingéniosité et pris des mesures qui s’imposaient en 1973, je ne doute pas que ce sera également le cas à l’avenir, la faisabilité technique étant aujourd’hui d’autant plus facilitée par les moyens numériques modernes. Si face au coronavirus un pays comme la France est prêt à tout (ou presque) pour éviter de saturer les hôpitaux et sauver de l’ordre de centaines de milliers de vies (dont l’âge moyen est de 82 ans), il est raisonnable de supposer qu’on se remontera également les bretelles en cas de déclin trop brutal d’un approvisionnement pétrolier définitivement orienté à la baisse.
Sans parler du changement climatique, qui depuis quelques années commence à être ressenti « pour de vrai » (eh oui, c’était pas une métaphore non plus) et devrait, en toute vraisemblance, s’accentuer de manière non-linéaire. Certes, pour que les catastrophes climatiques incitent à renverser la table, il faudrait beaucoup plus de pénuries et de dégâts matériels et humains qu’aujourd’hui (dans les pays riches, sinon on s’en fout). Il faudrait aussi qu’une grande majorité de la population relie sans équivoque les dégâts au changement climatique, avec la certitude que les ennuis ne feraient qu’augmenter, comme annoncé par la communauté scientifique. Au point que chacun se sente menacé dans sa propre sécurité. Sinon, on restera dans les colloques, les fantasmes techno-illimitistes, le blabla, les yakafaukon, et les débats stupides et hors-sujet genre « ouais les écolos ils donnent des leçons mais ils utilisent Internet, haha trop fort mon argument ».
Je ne sais pas si un tel « point de bascule » sociétal surviendrait à +1,5C (donc fin des années 2020 ou années 2030) ou +2C (donc entre le milieu des années 2030 et les années 2070). Ni dans quelle mesure ce coup de pied aux fesses sera suffisant pour éviter un monde en guerre permanente partout. La bonne nouvelle est que l’inertie climatique est assez faible, donc l’inertie n’est quasiment que sociétale, et politique.
En tous cas, l’aggravation ressentie du dérèglement climatique pourrait renforcer l’acceptabilité des rationnements et autres mesures. Cela ne concernerait d’ailleurs pas que les produits dérivés du pétrole, mais peut-être aussi l’électricité, aussi bas-carbone soit-elle (on ne sait jamais, lisez le rapport RTE et appréciez l’étendue des défis techniques à relever pour maintenir une électricité stable et abondante, sans parler des freins politiques potentiels, de gauche et de droite, au déploiement du nucléaire et des énergies renouvelables… sachant qu’on n’est qu’en 2022 et qu’on craint déjà des coupures, voire un blackout généralisé cet hiver, juste parce qu’il ferait trop froid pendant quelques jours, ce qui a de quoi interroger dans un pays pourtant « riche »).
Bref, on parle ici de gestion de l’approvisionnement de tout bien ou service dépendant d’une énergie abondante et d’un climat clément… cela concerne donc plus ou moins tous les biens et services. Certaines personnes seront prêtes car vivant déjà sous contrainte (par nécessité ou par conviction). D’autres tomberont un peu des nues, mais s’adapteront vite. Après tout, « l’Homme s’est toujours adapté et l’humanité a survécu » (oui merci pour cette maxime que je devrais pouvoir replacer au bistrot, même si ce n’est pas tout à fait le sujet).
Les microPBR4D sont des fantasmes techno-illimitistes très réalistes, il manque juste des journalistes qui font leur travail.
Bonjour, article intéressant, mais je ne suis cependant pas d’accord avec ‘ l’inertie climatique assez faible ‘, vu les proportions planétaires du système climatique, je ne vois d’ailleurs pas comment faire autrement… Bah ! Un ‘tit hiver nucléaire pour redescendre de qq degrés, voilà une solution technico illimitiste qu’elle est simple et bien bonne ! Ouf, nous sommes sauvés. 💩💩💩
Bonjour Arnaud, je suggère la lecture de cet article sur l’inertie climatique (outre celui de Loic Giaccone auquel renvoie déjà l’article, mais qui peut être un peu long).
https://www.carbonbrief.org/explainer-will-global-warming-stop-as-soon-as-net-zero-emissions-are-reached
Merci pour le lien concernant l’inertie sociale et non physique du climat. Ça contredit une affirmation de Jancovici comme quoi le destin climatique des 40 prochaines années est embarqué dans les émissions passées et permet d’avoir un tableau un peu moins sombre. J’aurais voulu poser des questions à l’auteur de l’article mais il ne donne pas de moyen de le contacter. Premièrement, je ne comprends pas l’inertie thermique des océans pour expliquer le réchauffement résiduel. Je veux bien que cette inertie prévienne un refroidissement mais pas qu’elle cause un réchauffement supplémentaire. Serait-ce en raison de la fonte des pôles qui se poursuivrait? Deuxièmement, si il n’y a pas d’inertie climatiques, alors pourquoi faudrait-il capturer tant de CO2 après 2050 une fois atteint la neutralité ? Aura-t-on déjà dépassé les 2 degrés en 2050 dans les scénarios à faible émissions? Peut-être est-ce le cas dans le dernier rapport, mais il me semble que c’était le cas auparavant. Question pour vous, la conclusion sur l’homme qui s’en tire toujours est ironique n’est-ce pas? Merci pour votre travail, je vous souhaite beaucoup de succès!
Merci Guillaume, l’auteur de l’article est Loic Giaccone, que vous pourrez trouver sur Facebook et LinkedIn. Je ne suis pas forcément en mesure de répondre précisément à vos questions, mais vous y trouverez quelques réponses dans cet article :
https://www.carbonbrief.org/explainer-will-global-warming-stop-as-soon-as-net-zero-emissions-are-reached
Bonjour. Je ne comprends pas trop l idée de rationnement de l essence à 3l par part. Des gens ont des chauffages au mazout. Les voitures à 3l au 100km, ça n existe pas, tout va tourner à l électrique. Des dacia spring avec peu d autonomie pour les pauvres… aux grosses tesla ou chevrolet avec 600km d automne pour les riches. C’est déjà en cours…
Bonjour et merci pour votre commentaire. Je pensais à des hybrides rechargeables mais en approfondissant j’ai peut-être fait une erreur :
https://www.automobile-magazine.fr/voitures-hybrides/article/28547-les-vraies-consommations-dessence-des-voitures-hybrides-rechargeables
« Concrètement, si les constructeurs sont en mesure d’annoncer des consommations moyennes entre 1 et 3 l/100 km, c’est que ces chiffres sont obtenus en réalisant une moyenne pondérée entre les consommations batterie vide et celles obtenues avec la batterie pleine. Autrement dit, en supposant que le « plein » de la batterie est fait régulièrement. Or, dans la vraie vie, l’accès à la recharge n’est pas toujours évident et il est tentant de rouler en thermique puisque l’on ne risque pas la panne. Sans oublier que les autonomies électriques étant limitées à quelques dizaines de kilomètres, les trajets plus longs se font ensuite sur le moteur thermique. »
Sur ce paragraphe-là de l’article, est-ce que vous auriez une suggestion de modification ? (idéalement pas de suppression complète 🙂 ).
Je n’ai pas les idées arrêtées sur ce point, ni sur aucun autre soulevé dans l’article.
Très intéressant Cyrus (comme d’hab). Mais je suis plus pessimiste que toi : si t’étais candidat à la présidentielle, tu crois que tu ferais combien de voix avec un programme de rationnement ? Batho n’est pas allé bien loin en parlant décroissance chez EELV, alors parler rationnement, ils te mettraient à l’asile ! 🙂 On y arrivera (peut être) un jour, mais c’est comme pour bcp de choses, je pense que ce sera subi, pas choisi.
Plus j’écoute ou je lis des choses sur le sujet (encore récemment Meadows et Heinberg sur Sismique), plus je suis intimement convaincu que la seule chose utile et acceptable politiquement de faire actuellement c’est de bosser la résilience (autonomie alimentaire, moindre dépendance aux énergies fossiles, renforcement de la mobilité douce, développement des low tech, protection de la biodiversité etc.)
Merci Jean :-). Comme programme présidentiel, cela ferait 1% de voix, peut-être plus si des dizaines de % de Français comprennent que cela leur serait favorable.
Mais ceci n’est pas un programme électoral. C’est ce qui pourrait se passer en cas de crise et/ou de descente pétrolière irréversible, sans énergies de substitution pour prendre le relai. Il y a alors deux choix (qui ne s’excluent pas forcément) :
1) laisser les prix faire le travail (probablement au bénéfice des plus riches)
2) gérer et distribuer équitablement les quantités
J’insiste : quand yapu, yapu 🙂 Présidentielles ou pas présidentielles.
Donc en effet ce serait « subi », au moins au départ. Mais il y a plein de choses qu’on peut subir au départ avant d’apprendre à plus ou moins les gérer.
Après avoir relu ce texte, une chose me vient à l’esprit, notamment sur le rationnement par part fiscale. A mon sens, le rationnement de cette façon revient à faire une prime aux familles nombreuses. Ainsi, des couples seraient « tentées » de faire plusieurs enfants pour bénéficier de la prime au carburant et le vendre au marché noir pour s’enrichir. Je prends l’exemple des allocations familiales généreuses dans les années 80 qui ont permis à des familles modestes (4 – 5 enfants) de financer leur projet immobilier par exemple. Ou toute autre prime fiscale aujourd’hui permettant d’obtenir un produit financier ou un bien subventionné par l’Etat.
Pour faire court, le rationnement doit aller de pair avec la réduction de la taille de la famille sinon le résultat sera quand même une augmentation globale de la consommation en biens et services publics ou privés (et donc des besoins énergétiques -équation de Kaya). Or la consommation est essentiellement assise sur le pétrole…
Le rationnement est un moyen non suffisant pour faire baisser la pression de la demande.
Merci Isabelle, en effet ce n’est pas suffisant. Bon… je doute quand même que le système par part fiscale aille jusqu’à inciter à faire plus d’enfants :-). C’est quand même une sacrée manœuvre, par ailleurs couteuse, pour avoir une plus grosse bagnole et/ou manigancer sur le marché noir. Ca peut exister, mais marginalement à mon avis.
Les gens font quand même généralement les enfants parce qu’ils en ont envie ?
Une fois qu’on a dit ça, en effet je serais pour supprimer les incitations à faire des enfants, et se débarrasser de l’idée selon laquelle il faut que la population augmente à l’infini pour pouvoir financer les retraites. Ca n’a aucun sens, et de toute façon inciter à faire des enfants sous prétexte de financement des cotisations sociales n’est pas éthique.
Les constructeurs auto ont possibilité de faire encore mieux en termes de conso d’essence sans forcément sortir des moteurs pourris comme le puretech de Peugeot.