« Collapsologie » : vers une vraie science ?

J’ai lu cette étude « Climate Endgame« , dont la presse a un peu parlé avec des titres du genre « Climat – Le monde ne se prépare pas suffisamment au pire, alertent des scientifiques« .
Elle est intéressante, je recommande de prendre 20 min pour la lire. Elle est accessible, et fournit des bases pour que la « collapsologie » devienne éventuellement une vraie science. Cela pourrait s’avérer utile car nous n’aurons peut-être pas le choix : si un scénario d’emballement climatique devait se dessiner, nous aurons tout intérêt à comprendre au mieux ce qu’il se passe, afin de prendre les moins mauvaises décisions possibles.
Dommage que l’étude se limite principalement au changement climatique (mais bon… les auteurs sont des climatologues). Il serait évidemment pertinent d’élargir la recherche aux autres domaines environnementaux.
L’étude propose des définitions qui ont le mérite de lancer le débat. Par exemple:
* « effondrement sociétal » = fragmentation sociopolitique importante et/ou défaillance de l’État, accompagnées d’une perte relativement rapide, durable et importante de capital et d’identité des systèmes ; cela peut entraîner une augmentation à grande échelle de la mortalité et de la morbidité.
* « risque global de décimation » = probabilité d’une perte de 10 % (ou plus) de la population mondiale et d’une perturbation grave des systèmes critiques mondiaux (comme l’alimentation) dans un délai donné (années ou décennies)
* « changement climatique extrême » = augmentation de la température moyenne à la surface du globe de 3 °C ou plus par rapport aux niveaux préindustriels d’ici 2100
L’étude réalise une synthèse des raisons pour lesquelles un scénario de catastrophe climatique est plausible : vagues de chaleur mortelles, probabilité d’une sensibilité climatique élevée, risques systémiques et effets en cascade, activation de points de bascule et de nouvelle boucles de rétroaction, rupture des stratocumulus en cas de concentration de CO2 de 1200ppm etc.
(Je me permets d’indiquer que comme les concentrations atmosphériques de CO2 et de méthane continuent d’augmenter, la plausibilité de ce scénario est pour l’instant croissante, et elle le restera très vraisemblablement encore un moment).
Parmi les propositions des auteurs figure notamment la production d’un rapport spécial du GIEC sur la catastrophe climatique, qui contribuerait à déclencher de nouvelles recherches, tout comme l’a fait le rapport spécial « Réchauffement planétaire de 1,5 °C ». Ce rapport avait d’ailleurs suscité de l’intérêt sur la gravité des impacts à un niveau de réchauffement relativement bas. L’impact d’un rapport sur la catastrophe climatique pourrait contribuer à mettre en évidence l’ampleur des enjeux dans des scénarios à plus fort niveau de réchauffement.