Le rationnement de l’eau et de l’énergie se confirment (et c’est tant mieux)

Quand yapu, yapu. Rien de surprenant, nous étions prévenus, et les scientifiques continuent de nous prévenir : ça va s’accentuer. Mais voyons le bon côté des choses : c’est l’occasion de tester et de nous habituer au rationnement, qui dans un contexte de crise environnementale aurait dû être appliqué depuis longtemps. L’idée m’a été soufflée en premier par Stephane AUDRAND dans cette présentation sur la biodiversité (minute 50).
J’ai d’abord été choqué par cette proposition paraissant lunaire, mais comme Stéphane est extrêmement cultivé et intelligent (suivez son compte !), j’ai réfléchi.
Et là, depuis seulement un an, par la force des choses, je constate que les entreprises, les technocrates et les grands médias ont énormément cheminé sur la question. Incroyable
Cette note de blog va abuser de l’anaphore.
Le rationnement n’a absolument rien d’extrémiste. Tout comme la dévastation de l’environnement et l’accaparement des ressources par une minorité n’ont absolument rien de modéré.
Le rationnement est parfaitement démocratique. Il fut appliqué drastiquement par la vaillante Grande-Bretagne pour tenir bon face aux ignobles Nazis. Il fut appliqué par de nombreuses démocraties lors des chocs pétroliers des années 70. Il sera appliqué pour tenter de remporter la guerre économique qui oppose l’Europe à la Russie, malgré les attitudes défaitistes voire complaisantes dans notre propre camp face à Poutine.
Le rationnement est l’une de nos principales armes anti-collapse. Et je ne parle pas là de Happy Collapse. Je parle de la version où nos enfants deviennent des guerriers xénophobes et incultes dénués d’empathie.
Le rationnement est l’occasion de siffler la fin de la récréation libertarienne égo-centrique écocidaire, et de reprendre le contrôle. L’éco-anxiété et la solastalgie (que j’ai vécues comme d’autres parmi vous, et que je ressens encore parfois), sont des sentiments d’impuissance, qui nous placent parmi les faibles et les rabougris.
Le rationnement n’a rien de complexe. L’argument de « l’usine à gaz » ne tient pas debout.
Le rationnement est socialement équitable. Beaucoup semblent outrés par les milliardaires qui s’envoient quotidiennement en l’air en jet privé en pleine urgence climatique et énergétique. Il faudrait en effet commencer par là, mais qu’on ne se méprenne pas : nous sommes quasiment tous concernés dans une certaine mesure.
Le rationnement est favorable à l’innovation technologique. Vous voulez inciter au développement des énergies alternatives ? Alors rationnez les énergies fossiles. Ça fera d’ailleurs moins d’argent dans la poche des dictateurs. Et ça c’est très démocratique.
Le rationnement c’est un « truc d’écolo », mais pas que. C’est en train de devenir un truc de bon gestionnaire. On ne « manque » absolument pas d’eau ni d’énergie en France, c’est le système qui est inadapté et mal géré. Et le rationnement fait partie des leviers de meilleure gestion.
Le rationnement , étymologiquement , veut dire « compté » mais aussi » géré avec raison « . Est-ce que ça ne dit pas déjà tout ?
Quand est-ce qu’on s’est mis à croire que gâcher était un progrès ? Certes, si on peut gâcher c’est qu’on produit plus que nos besoins donc qu’on a bien travaillé en un sens. Mais enfin , gâcher, quelle souffrance intellectuelle d’être sous-optimal, ça veut dire aussi qu’on a travaillé pour rien, qu’on a dépensé du temps, de l’énergie, des ressources pour rien. Qu’on a pollué pour rien aussi.
Non décidément, gérer avec raison ne peut pas être présenté sous un mauvais si on y réfléchit quelques instants.
Ration d’eau, ration de nourriture, ration de CO2.
Ce qu’on prendra à ceux qui ont trop fera monter les rations de ceux qui n’avaient pas assez. Par contre, à technologie égale, la seule façon d’augmenter nos rations, ce sera d’être moins nombreux, ça aussi il faut y penser.