L’eau en Inde : utilisation soutenable ou effondrement ?

1) Croissance exponentielle
2) Overshoot (dépassement de limite)
3) Inflexion
4) Décroissance soutenable ou collapse
La population de l’Inde a été multipliée par 3 depuis 1960. Elle ne sera pas re-multipliée par 3 d’ici 2080. D’abord parce que ce ne sera pas possible, ensuite parce que les femmes s’émancipent et font de moins en moins d’enfants. Le taux de fécondité est ainsi passé de 6 enfants par femme en 1960 à 2,2 aujourd’hui. Il est solidement orienté à la baisse et va vraisemblablement continuer de chuter.
D’après cette étude démographique publiée dans le Lancet, détaillée pour chaque pays, la population indienne, aujourd’hui d’environ 1,4 milliard, devrait atteindre son maximum vers 2050 à 1,6 milliard, puis baisser assez rapidement et repasser à 1 milliard vers 2100.
Depuis 1960, l’Inde s’est aussi beaucoup urbanisée et industrialisée. Ce qui vient rajouter de nouveaux usages de l’eau, en plus des usages agricoles.
Beaucoup de territoires de l’Inde sont en overshoot : l’eau est exploitée plus vite qu’elle ne peut se régénérer. On va chercher l’eau de plus en plus en profondeur, parfois jusqu’aux « nappes fossiles », non-renouvelables à l’échelle de temps de notre civilisation.
D’après cet article de la Banque Mondiale, déjà aujourd’hui près de deux tiers des districts de l’Inde sont menacés par la baisse du niveau des eaux souterraines. Et dans de nombreux cas, cette eau est contaminée.
Sur l’eau en Inde comme sur plein d’autres enjeux environnementaux, il ne peut logiquement pas y avoir de « stabilisation » après un « overshoot ». Même en stoppant la croissance des prélèvements et en poursuivant au même niveau qu’aujourd’hui, la ressource finira par s’épuiser, puisqu’elle est déjà consommée plus rapidement qu’elle ne peut se renouveler.
Et le changement climatique n’arrangera pas l’affaire. L’Inde fait d’ailleurs partie des pays les plus vulnérables face au CC.
Il faut donc que les prélèvements décroissent. Parfois radicalement. Sans quoi ce serait le collapse.
C’est assez simple à comprendre.
Mais sur le terrain, c’est beaucoup plus complexe. Il s’agit tout d’abord, par exemple, de mobiliser des milliers et des milliers de villages dans la gestion locale de leur « budget eau ».
Plus de 2 200 villages en Inde ont ainsi établi des « budgets eau » qui indiquent la quantité d’eau souterraine disponible, la quantité estimée à recharger et la quantité qui peut être réservée à l’agriculture, de loin le principal utilisateur de cette ressource. Les programmes gouvernementaux visent aussi à inciter les agriculteurs à adopter des pratiques d’irrigation à haut rendement et à passer à des cultures moins gourmandes en eau.
Dans le Gujarat, par exemple, certains agriculteurs commencent à abandonner les cultures gourmandes en eau, comme le coton et le blé, au profit des grenades et du cumin, qui utilisent moins d’eau mais rapportent aussi de bons revenus.
À suivre. 🧐