Rationnement, tarification sociale : comment arrêter de faire n’importe quoi avec l’eau ?

« Grâce » au changement climatique et à la surexploitation de l’eau, les acteurs se rendent compte qu’il est temps d’arrêter de faire n’importe quoi. Pas seulement pour faire plaisir aux écolos, mais aussi pour avoir de l’eau. Car quand yapado, yapadevie.
« Ah OK, donc c’est pas qu’un truc de bobo gauchiste obscurantiste rétrograde adorateur de Gaïa ?
– Eh bien non. Voilà ma foi un regrettable malentendu. 🤷♂️ »
Ces faits étant désormais suffisamment établis, afin d’inciter les usagers à cesser de faire n’importe quoi, et ce de manière socialement équitable, il y a deux approches théoriquement simples, qui ne s’excluent pas (elles vaudraient aussi pour l’énergie, mais restons ici sur l’eau).
1) Couper et/ou rationner l’eau (comme on l’a vu dans plein de communes l’été dernier), idéalement pour la réserver aux usages essentiels (pas forcément le golf). L’expérience française et mondiale montre que c’est assez simple à mettre en œuvre. Yakacouper.
2) Implémenter une tarification progressive et différenciée pour inciter à la sobriété et l’efficience, de manière juste. Le modèle faisant actuellement référence est celui de Dunkerque, avec des effets significatifs dans un temps très court.
L’expérience montre cependant que c’est un peu compliqué à mettre en œuvre. Voici pourquoi.
En février 2022 fut publié un rapport parlementaire sur le bilan de l’expérimentation d’une tarification sociale de l’eau. Passionnant, à lire. En très bref, depuis 2013 la loi Brottes autorise l’expérimentation d’une tarification sociale de l’eau. Depuis 2019 le dispositif est ouvert à l’ensemble des collectivités chargées du service public d’eau.Hormis de rares cas comme Dunkerque, l’engouement est pour le moins limité. Pourquoi ?
- Premièrement, l’accès aux données de la sécurité sociale (composition et revenus des foyers) constitue un frein majeur.
- Deuxièmement, le taux de non-recours aux droits est important. Les montants des aides sont faibles et les dispositifs peu connus des usagers.
- Enfin, la mise en œuvre se heurte à des coûts de gestion parfois rédhibitoires.
Donc absolument rien d’insurmontable a priori. Si vous lisez le rapport dans le détail, cela confirmera que c’est tout à fait faisable, à condition d’une « volonté politique forte ».
La France est un pays suffisamment instruit, démocratique, et soucieux de sa survie… pour que nous y parvenions.
Par contre il va falloir se grouiller, et avant toute chose, bien comprendre la nature du problème : le climat se dérègle vite et le déficit hydrique se creuse rapidement.