1) La forêt landaise mobilise 34 000 emplois directs et fournit une part importante de nos matériaux biosourcés. Elle produit plus de 20% du bois d’œuvre (charpentes, menuiseries, décoration intérieure, emballage) et du bois d’industrie (papier, carton, panneaux) en France, sur 7 % de la surface forestière de l’hexagone.
Aux enjeux économiques se rajoutent des défis de préservation de la biodiversité, de résilience climatique (tempêtes, sécheresses, feux), et de résistance aux parasites (ex. scolytes, nématode inquiétant présent en Espagne). Vaste programme !
2) La diversification est loin d’être une mince affaire. De nombreuses tentatives depuis le 19ème siècle ont échoué, et le climat de demain sera encore plus hostile. Le pin maritime est bien adapté aux sols pauvres et sableux de la région. Il devrait résister aux sécheresses et canicules futures… jusqu’à une certaine limite. Le GISGPMF qui associe INRAE, FCBA, CNPF-CPFA et ONF travaille sur des essais de pins venus du Maroc, du Portugal et d’Espagne, où les sécheresses sont plus importantes.
Je partage ici une revue de presse : Le Monde, France Bleu, La Tribune, Le Point.
3) Dans cette tribune du Monde, 6 chercheurs de l’INRAé précisent que la forêt des Landes est une monoculture, mais qu’elle n’est pas partout monospécifique : « les sylviculteurs conservent de plus en plus les feuillus en lisière et au sein des peuplements lors de la récolte finale des pins« . L’idée selon laquelle la forêt landaise ne saurait se passer du pin maritime, mais qu’elle gagnerait à mélanger des essences, semble recueillir de l’adhésion.
Quelques extraits de cette tribune.
« Les arbres sont plantés en ligne pour faciliter le débroussaillage et améliorer la forme du tronc. Le labour, l’apport d’une faible dose de phosphore et des débroussaillages sont réalisés à l’installation des jeunes pins. Puis des débroussaillages et des coupes sont effectués tous les sept ans, avec une récolte finale entre quarante et soixante ans. »
« Ce renouvellement fréquent des peuplements permet une adaptation en continu face aux changements globaux. La mécanisation est indéniable et elle est facilitée par l’absence de relief et les sols sableux peu sujets au tassement. Cependant cette intensité de gestion est variable, elle évolue constamment et peut être questionnée. Ainsi les pesticides ne sont plus utilisés. »
« Sans vouloir reboiser à l’identique, il n’y a pas lieu de disqualifier a priori le pin maritime de la reconstitution des forêts brûlées, sachant que, même sans l’aide de l’homme, la régénération naturelle de cette essence sera dominante. La restauration de ces zones se fera après réflexions et débats comme après les deux grandes tempêtes. Le grand public a des croyances et des représentations de la forêt française parfois en décalage avec la réalité. »
« Bien que la forêt métropolitaine soit constituée de 71 % de peuplements de feuillus et de seulement 12 % de forêts issues de plantations, que la quantité de bois en forêt ait doublé en cinquante ans, certains crient à sa disparition, d’autres à son enrésinement généralisé. La représentation esthétique d’une « vraie forêt » fait partie aussi d’un imaginaire collectif : en France la singularité du massif landais peut déplaire. »
4) Dans cet article de Science et Avenir, vous lirez le témoignage d’Hervé Jactel, qui gère une expérimentation de 12 hectares à Cestas (Gironde) où se côtoient 256 placettes en mélange.
5) En 2012 des chercheurs de l’INRA ont mené un exercice de prospective sur la gestion de la forêt landaise. 4 scénarios furent développés :
- Taillis à courte rotation et forêt de pin en peuplements semi-dédiés (bois-énergie puis bois d’œuvre)
- Forêt de pin maritime aménagée, avec feuillus en lisières et en îlots
- Forêts strictement zonées en fonction des usages (productifs, écosystémiques, récréatifs)
- Mosaïque de forêts diversifiées et d’espaces ouverts
6) Lorsque des industriels (ici l’Interprofession Fibois) et des associations (ici SEPANSO) collaborent, c’est plutôt bon signe. Ces acteurs s’associent pour la gestion des ripisylves, réservoirs de biodiversité rendant des services écosystémiques importants.
7) J’attire enfin votre attention sur cette étude menée par le Parc National Régional des Landes de Gascogne et le Syndicat des Sylviculteurs du Sud-ouest, permettant une meilleure connaissance de la biodiversité de ce massif forestier