Mauvaises nouvelles encore pour le nucléaire… les ENR derniers remparts face à l’Effondrement ?

Signe de plus allant dans le sens d’une thèse que j’ai l’impression d’être un peu seul à proposer : l’éolien et surtout le solaire seraient, pour l’Europe, les principaux amortisseurs de l’effondrement énergétique (donc de l’effondrement tout court). Les effondristes s’intéressent peu aux renouvelables, et les renouvelabilistes s’intéressent peu aux risques d’effondrement, donc je me sens hélas un peu seul. Snif snif ouin ouin. Peut être est-ce parce que je raconte des bêtises, mais je vais au moins tenter d’expliquer mon raisonnement. N’hésitez pas à rejoindre la discussion sur LinkedIn.

L’éolien et le solaire ne sont pas parfaits, mais nos options sont de plus en plus limitées et je suis sincèrement navré car je n’ai, à ce jour, rien de mieux à proposer comme plancher à la décroissance pour éviter une « transition » sanglante vers le Moyen-âge.

Car si je résume froidement la situation.

1) Charbon : hormis en Allemagne et en Pologne, il reste peu de réserves en Union Européenne. Le charbon se transporte assez peu sur longues distances, et l’UE est grandement fâchée avec son ex-principal fournisseur. De toute façon même les Etats-Unis sont en train de sortir rapidement du charbon, et on ne va quand même pas être moins écolos que les cainris !

2) Pétrole : la consommation de l’UE baisse depuis 2005, nos approvisionnements sont potentiellement fragiles, le reste du monde convoite de plus en plus la ressource, l’Asie a désormais les moyens de défendre ses intérêts, notre domination coloniale est terminée… bref, qu’on veuille ou non faire notre part pour le climat, on consommera très peu de pétrole dans 30-40 ans.

3) Gaz fossile : ça ne se présente pas top non plus, pour des raisons semblables. Pour le moment, l’UE a consommé 20% de gaz en moins en 2023 par rapport à 2021, grâce à un peu sobriété, des hivers doux, et la substitution du gaz-électricité par des ENR. Mais aussi au prix de l’appauvrissement des ménages et des entreprises, et même de fermetures d’usines.

4) Nucléaire : seule une douzaine de pays de l’UE ont une politique nucléaire volontariste. Je le déplore, mais c’est ainsi. Le parc ancien sera démantelé d’ici 2060 au plus tard (démantèlement qui commencera avant 2059). L’EPR risque apparemment de galérer encore. Et pour le SMR, c’est pas gagné non plus.

5) Hydraulique : les fleuves sont déjà exploités au max. Avec les sécheresses, la production est même plutôt orientée à la baisse (ex. -20% en 2022 par rapport à une année normale).

6) Bois : contrairement à une idée reçue, ce n’est pas une énergie du 19ème siècle, mais une technologie qui s’est beaucoup modernisée et qu’on peut transformer en chaleur, électricité, carburants liquides (bien sûr, pas pour faire tout et n’importe quoi), ainsi que des emballages, matériaux de construction, médicaments… L’historien Jean-Baptiste Fressoz, dans son livre Sans Transition, parle même du 20ème siècle comme « le siècle du bois » (ça se défend).

En espérant ne pas trop perdre nos forêts à cause des incendies, de l’aridification et des scolytes, le bois demeurera important pour notre avenir. Par contre on ne pourra pas le solliciter pour produire beaucoup plus d’énergie qu’aujourd’hui. La production de bois-énergie stagne depuis des décennies, et nos choix industriels pourraient privilégier à l’avenir le bois-industrie et le bois d’œuvre.

7) Agrocarburants liquides : les agrocarburants consomment 7% des plantes cultivées dans le monde, pour ne fournir que 3,6% de l’énergie des transports. A échelle européenne, les proportions sont similaires, l’incorporation, à l’horizon 2020, de 10% de biocarburant dans les carburants mobiliserait 15% des surfaces agricoles européennes. Fin de la blague.

Ah si quand même, c’est marrant quand les lobbies des agrocarburants parlent de ne mobiliser « que » 7% ou « que » 15%, pour en face ne fournir presque rien.

8) Biométhane : pourquoi pas, mais il reste à prouver qu’on peut passer à grande échelle sans provoquer de conflits d’usages avec l’alimentation. Pour éviter cela, il faudrait surtout employer des Cultures Intermédiaires à Vocation Energétique (CIVE). Pour le moment, que ce soit en France ou en Allemagne, éviter les conflits d’usages ne parait pas évident. Mais à suivre.

9) Hydrogène : il faut bien le produire avec de l’électricité. Certes, il pourrait exister des gisements exploitables d’hydrogène natif (ex. Lorraine, mais à confirmer). Quoi qu’il en soit, il reste à prouver l’intérêt de l’hydrogène pour autre chose que les applications industrielles classiques (engrais, acier). Pour la mobilité, pour l’instant, en Californie les stations de recharge ferment les unes après les autres.

10) Eolien et solaire : la dynamique est plutôt positive et s’accélère. L’éolien + solaire fournissaient 3% de l’électricité de l’UE en 2005, 15% en 2018, 27% en 2023, et il resterait encore beaucoup de marge. Le coût du stockage a énormément baissé (à voir si cela se poursuit) et nos connaissances en matière de flexibilité du réseau ont fait beaucoup de progrès.

On peut dire merci.

Mais y a pas de quoi !

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