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Quel rôle de notre alimentation dans le dépassement des limites planétaires?

Notre alimentation joue un rôle majeur dans le franchissement des limites planétaires. Prenons les limites une par une, sources à l’appui (sachant que les limites sont très liées entre elles). Le but n’est absolument pas de stigmatiser les agriculteurs mais de les défendre, d’autant plus que la responsabilité incombe entièrement aux lobbies insidieux, aux Etats irresponsables et aux consommateurs indifférents. Le système existant n’est durable pour personne, et le plus dur finalement dans tout ça est d’être agriculteur.

1) Démarrons par « l’eau verte ». Je suis probablement encore loin de me rendre compte de la perturbation colossale que cela représente. J’ai enfin lu l’étude du Stockholm Resilience Center qui a déterminé que cette limite planétaire avait été franchie.

Le cycle de l’eau verte est celui de l’eau de pluie qui pénètre dans le sol, est absorbée par les plantes, et en partie évapotranspirée. Cette vapeur d’eau est ensuite transportée dans l’atmosphère, où elle se condense pour former des nuages, avant de retomber sous forme de précipitations. D’après le Stockholm Resilience Center : « L’eau verte est essentielle pour soutenir et réguler la plupart des processus de la biosphère terrestre, notamment les cycles de l’énergie, du carbone, de l’eau et de la biogéochimie. Les perturbations humaines entraînent des changements non linéaires, des effondrements et des changements de régime irréversibles dans les écosystèmes terrestres et les régimes hydroclimatiques. »

Les activités humaines bouleversent les cycles de l’eau verte à tous les niveaux. Côté précipitations, par exemple, « le changement d’utilisation des sols (déforestation en grande partie liée à l’agriculture, irrigation, urbanisation) altère les précipitations en modifiant le couplage local entre la terre et l’atmosphère, l’équilibre hydrique atmosphérique et les schémas de circulation à grande échelle, y compris la dynamique de la mousson ».

Le changement climatique d’origine anthropique « modifie la capacité de rétention d’eau de l’atmosphère, la formation des nuages, la circulation et, par conséquent, l’ampleur et la variabilité des précipitations. Les anomalies de précipitations augmentent sous l’effet du réchauffement anthropique, ce qui pourrait avoir des répercussions non linéaires sur le fonctionnement hydroécologique et hydroclimatique. »

Côté évaporation, par exemple « l’irrigation peut retarder l’arrivée de la mousson ». En outre, « le changement climatique est associé à des taux d’évaporation terrestres moyens plus élevés et à un risque plus élevé de diminution de l’évaporation due à la sécheresse. »

Côté humidité des sols, « la rétention et la disponibilité de l’humidité sont affectées par les activités humaines, à la fois directement par l’intensification de l’agriculture, l’expansion agricole et l’urbanisation, et indirectement par les changements de précipitations et d’évaporation induits par le changement climatique anthropique, la modification des systèmes fonciers et l’utilisation de l’eau. »

D’ailleurs, c’est sur cette variable d’humidité des sols que le Stockholm Resilience Center a pu fonder sa méthodologie de mesure du dépassement de la limite liée de l’eau verte : « La limite de l’eau verte peut être représentée par une variable de contrôle basée sur l’humidité du sol de la zone racinaire, en particulier le pourcentage de la zone terrestre libre de glace sur laquelle les anomalies de l’humidité du sol de la zone racinaire sortent des limites locales de la variabilité de l’Holocène au cours de n’importe quel mois de l’année. »

2) Changement climatique : notre alimentation pèse entre 21 à 37% des émissions de GES selon les estimations. Les sources d’émissions comprennent le changement d’utilisation des sols (principalement déforestation), la culture en soi, les émissions du bétail et des fermes piscicoles, et enfin la transformation, le transport, l’emballage et la vente. Sources et détails ci-dessous.

3) Biodiversité : les études scientifiques abondent mais je ne suis pas sûr de voir ce qu’il reste à démontrer, il suffit de regarder autour de soi et de faire preuve d’un minimum de bon sens. Notre alimentation est une part difficilement quantifiable mais clairement très majoritaire de l’érosion de la biodiversité :

  • Surpêche
  • Part de l’industrie agro-alimentaire dans la pollution des sols et de l’eau
  • Erosion et dégradation des sols par l’agriculture
  • Epuisement des ressources en eau, consommées à 70% par l’agriculture
  • Destruction des forêts primaires (on y reviendra, c’est une autre limite planétaire)
  • Arrachage de haies
  • Pollution aux pesticides (ex. disparition des insectes, pour ne citer qu’eux)
  • Effets du dérèglement climatique sur les écosystèmes (coraux, forêts…), dont notre alimentation est en partie responsable comme nous venons de le voir
  • Etc.

4) L’excès d’utilisation d’engrais agricoles est de loin la première cause de bouleversement des cycles de l’azote et du phosphore. Les principales conséquences de ce bouleversement ont l’eutrophisation des écosystèmes aquatiques (« zones mortes » côtières), la pollution des nappes phréatiques et l’accroissement des émissions de protoxyde d’azote, donc du dérèglement climatique. Voici une excellente page pour entrer dans ce sujet.

5) Changement d’utilisation des sols : l’agriculture est la principale cause de destruction des forêts primaires (ex. culture de soja et élevage en Amazonie, huile de palme en Indonésie).

6) Introduction d’entités nouvelles dans la biosphère : une part importante de la pollution chimique et plastique est liée à notre alimentation (ex. emballages, produits chimiques présents dans l’alimentation ultra-transformée etc.), mais pas que. Il y a du plastique et de la chimie à peu près partout.

En synthèse, le schéma ci-dessous.

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